Coup de cœur sur cette histoire !
J’ai d’abord été curieuse de lire un auteur dont le passé de multi entrepreneur et créateur de l’association 1001 entrepreneurs m’impressionnait. Je voulais connaître comment il portait cette autre casquette d’écrivain (sans avoir lu son précédent livre « Momo des halles » qui avait eu du succès).
Passé la curiosité, je suis entrée avec délice dans ce roman qui mélange histoire de la Tunisie des années 30, histoire du jazz et parle aussi du lien qui unit une mère à son fils qu’elle peine à laisser partir.
Darius perd son père de façon violente lors d’un affrontement communautaire. Traumatisé, il perd la parole. Sa mère va reporter sur son fils tout son amour et son attention. Un soir qu’il l’accompagne dans la salle de spectacle où elle travaille, il est subjugué par le son de la clarinette. Il sait immédiatement que la clarinette sera sa nouvelle voix et la musique sera sa future voie dans la vie. Cela contredit les aspirations de sa mère qui veut lui faire poursuivre des études. Le livre nous fait suivre le chemin chaotique que Darius va emprunter pour devenir un musicien de jazz reconnu. Il va tenir à son rêve et s’accrocher à la musique, à chaque petite occasion de jouer. Il va croiser le chemin de nombreuses personnes qui vont l’encourager dans ce sens, il va devoir composer avec ce lien d’amour qui l’unit à sa mère, à la peur de la décevoir, au besoin de s’en séparer pour exister. Les évènements historiques aussi marqueront son parcours jusqu’en Amérique où il est le seul musicien blanc au milieu des musiciens afro américains. Il va voir le racisme américain et va côtoyer les plus grands du jazz. Le récit est émouvant, notre personnage toujours en mouvement, on le suit à travers ses doutes intérieurs, à travers ses déplacements, ses rencontre et à travers sa musique. Une non initiée comme moi aurait pu se perdre dans les quelques récits des matchs musicaux que l’auteur décrit car le vocabulaire devient quelque peu spécifique. Mais justement, il sait nous accrocher aux mots comme les musiciens sont accrochés à leur instrument. Et ne pas connaître le sens d’un mot, ne nous empêche pas d’entendre la musique.
C’est rythmé, c’est émouvant, c’est un délice !